Nicolas Larché, Directeur du site de Brest, Institut de la corrosion. |
RISE (Research Institutes of Sweden) emploie plus de 3 000 chercheurs et spécialistes en innovation industrielle. Cet institut multidisciplinaire suédois dispose d’un département corrosion et matériaux d’une soixantaine de salariés : RISE corrosion.
L’Institut de la Corrosion, filiale de RISE Corrosion, opère sans but lucratif. Les bénéfices sont réinvestis dans le matériel et les ressources humaines sur ses trois sites : Brest (35 employés), Lyon (5) et Saint-Étienne (18), avec un budget annuel de 7 à 8 millions d'euros (90 % issus de contrats industriels et 10 % de financement public pour la recherche).
Le déploiement international de l’Institut de la corrosion s’appuie également sur des dizaines de sites d’essai à travers le monde. Ils permettent "l’exposition naturelle des matériaux, soit dans des atmosphères variées (atmospheric field sites), soit dans des eaux de mer de corrosivités différentes (seawater field exposure)", explique Nicolas.
L’activité du centre de recherche dépasse aussi les frontières via des collaborations avec des stations marines ou encore des contrats industriels. "Au Brésil, nous étudions actuellement les effets de la microbiologie marine sur la corrosion. Cela à 2 000 m de fond", illustre Nicolas. Autre projet emblématique de suivi de la corrosion, celui mené avec l’administrateur portuaire de Venise et l’opérateur du système MOSE, ce barrage qui protège la célèbre lagune des "Acqua Alta".
Les domaines d'application de l'Institut sont vastes : transport, construction, structures offshore et onshore, industrie chimique, énergie, défense, etc. L’altération des matériaux est un défi commun à de nombreux secteurs. L’Institut explore de nouveaux alliages et en teste les limites. Sur site, il évalue les avaries, conseille sur le choix des matériaux et définit les meilleurs systèmes de protection contre la corrosion.
Laboratoire de l’Institut de la corrosion. Crédit : Technopôle Brest-Iroise |
À Brest, les infrastructures et l'expertise sont principalement orientées vers le domaine maritime et les essais accélérés. Le môle de Saint-Anne, géré par l'Ifremer, permet des tests en plein air marin, tandis que le laboratoire local dispose de bassins pour des essais en conditions contrôlées. La collaboration avec l'association Céladon permet également de réaliser des essais dans la rade (Sea Test Base). En complément, des équipements de laboratoire, comme des enceintes climatiques ou des machines de traction et de fatigue, renforcent les capacités d'analyse. L'Institut possède de nombreux équipements analytiques (Microscopie électronique, Raman, sonde de Kelvin, etc.) et bénéficie aussi d'un accès à ceux de l'Université de Bretagne Occidentale (UBO). Sur le site de Saint-Étienne de gros investissements ont été réalisés pour permettre des études sur l’Hydrogène.
Crédit : Institut de la corrosion |
Nouvelle installation en 2024 : une enceinte climatique géante unique en Europe
En 2024, l’Institut de la Corrosion inaugurera une enceinte climatique géante de 12 m3 (walk-in chamber), une installation unique en Europe dans un laboratoire indépendant.
Nicolas Larché, qui a rejoint l’Institut en 2006 comme ingénieur de recherche, a contribué à développer la spécialisation en corrosion marine et en protection cathodique.
À la direction du site de Brest en 2021, plusieurs projets maritimes sont en cours.
L’éolien offshore, le photovoltaïque, les turbines hydroliennes, etc., toutes les énergies marines renouvelables (EMR) sont concernées par la corrosion. Le milieu offshore favorise aussi le développement de co-activités, comme l’algoculture. Le projet SeaChem (projet UE, école doctorale MSCA Marie Curie) vise à évaluer l'impact de l’environnement sur les structures EMR et celui des structures sur les écosystèmes comme les algues. "Les algues peuvent aussi servir de sentinelles environnementales", précise Nicolas. "Les premiers tests sont menés à Saint-Anne, mais l’objectif est d’étendre l’expérimentation à des fermes EMR en Belgique, en mer du Nord et, si possible, en Bretagne".
À noter : un workshop sur ce sujet aura lieu lors de la Sea Tech Week®, intitulé "Offshore seaweed cultivation an emerging industry: structural durability and biosafety issues" (15 octobre 2024, Brest) [Plus d'information].
Môle de Saint-Anne, Brest. Crédit : Technopôle Brest-Iroise |
Deux autres projet Européen sont en cours sur le domaine Offshore : le projet HELIX qui vise à évaluer le comportement et la résistance de boulonnerie taille XXL pour les éoliennes offshore posée du futur. L’autre projet qui vient d’être attribué très récemment et qui débutera cette année est le projet DURALINK qui s’intéresse au dimensionnement en fatigue de deux éléments structuraux des plates-formes offshore afin de garantir leur intégrité en service : les chaînes d’ancrage métalliques et les assemblages soudés. Ce projet sera entre autres mené en collaboration avec l’ENSTA Bretagne, un bel exemple de la synergie possible de nos laboratoires bretons.
L’Institut de la Corrosion propose des solutions pour évaluer en temps réel la corrosion des structures grâce à des capteurs qu’il développe. Depuis deux ans, il renforce leur utilisation avec l'intelligence artificielle pour des prédictions plus précises.